dimanche 9 mars 2014

J'ai perdu mes illusions


Mes illusions que j'ai ma vie en main, que je suis maître de mon destin. J'ai perdu l'instinct de survie, la rage de me battre. 

Je me suis trop battue, trop investie, j'ai trop donné et j'ai envie de recevoir sans réserve, sans conditions, sans jugement. 

Face à "plus fort que moi" il ne reste que la résignation, la fatigue, la lassitude. 

A quel moment est-ce arrivé ? Je ne sais le dire avec certitude, cela s'est installé à mon insu, malgré moi, malgré ma bonne volonté de lutter, toujours lutter.  
Les matins sont difficiles, la nuit, si courte qu'elle soit, m'apporte un peu sérénité qui se distille dans les premières lueurs de la nouvelle journée qu'il faut affronter. 

Remplir mes journées, remplir mes soirées, accepter un médicament qui m'aide à réfugier dans un sommeil artificiel pour échapper à la lourdeur qui me pèse. 

Comment vais-je arriver à m'en sortir ? Comment vais-je arriver à trouver une issue de ce cauchemar que je n'ai pas invité ? Un de plus, un de trop ?? 

Retourner dans l'enseignement après 7 ans d'absence, retourner devant une classe, retourner donner cours, préparer, corriger, répéter, rentrer à des heures impossibles pour concilier "vie de famille" et travail. Partir quand les autres rentrent. Travail en décalé, travail sur une corde qui ne garantit aucune certitude. Retrouver des salles de classe ci et là, refaire des trajets insensés, éduquer au respect, assoir mon autorité. Me refaire une place quelque part, boucher des trous. 
Ecrire au tableau, jouer du piano, chanter et dicter. Courber le dos pour rectifier, motiver les plus faibles… 
Rentrer cassée, rentrer fatiguée, trop fatiguée pour apprécier le hors-travail… 

Je l'ai fait si longtemps, j'ai travaillé ainsi et je sais que cela ne va pas dans le sens que je veux donner à ma vie aujourd'hui. Attendre septembre avant d'avoir une chance minime pour rassembler assez d'heures pour savoir en vivre. Attendre juillet, les organisations d'école avant de prendre une quelconque initiative. 
Que je retourne dans l'enseignement semble la seule solution pour presque tous ceux qui connaissent ma situation actuelle, comme si on pensait qu'enseigner se situe quelque part entre le club med et une cure de jouvence, une chouette occupation couplée avec des vacances sans fin. Travailler quelques heures, pourquoi s'en plaindre ? 
Peut-être parce que donner 6 heures de cours n'est pas être assise à son bureau, ce n'a rien à voir avec un autre travail, cela n'est pas "juste être là". Ce sera 6 heures sans pause café, 6 heures à ne pas lâcher l'attention, 6 heures à être entièrement responsable, sans pause pipi, sans pause entre les heures pour souffler. Et cela me fait peur. 
Je ne suis pas dans l'enseignement qui sonne la grande pause et les inter-cours, je suis là où les élèves se suivent sans répit, les uns après les autres, tous différents, beaucoup y sont parce que cela occupe bien leurs après-midi de libre, parce que le cours se combine si bien avec l'entraînement de basket. Combien d'enfants on réellement envie d'apprendre la musique et combien y sont parce que les parents travaillent, parce qu'ils ont rêvés de le faire jeune et qu'ils pensent qu'obliger leurs progéniture à suivre cette formation leur confère le statut qu'ils n'ont pas eu ? 

Si je me battais, si je disais non à tout cela, si je me lançais dans une toute autre forme de travail ? Mais non, je ne peux pas, je suis trop vieille pour suivre des formations et j'ai une famille à faire vivre, un loyer à payer, des frais à assumer… on ne décide plus de sa vie comme on veut à mon âge, on suit le chemin tracé jusqu'à la fin.

En attendant je suis chômeuse, je suis toujours en attente d'indemnité puisque mon dossier n'est pas complet, puisqu'il manque quelques documents de mon dernier employeur qui ne se donne pas la peine d'aller "vite"… 
Demain je retourne pointer, je retourne pour y laisser mon cv si beau et si fourni, si inutile, si désuet. Je retourne dans la file d'attente de ceux qui sont comme moi, plus capables d'exercer à temps plein, ceux qui ont eu un accident de parcours, ceux qui attentent comme moi… fatalistes et désabusés. 







samedi 8 mars 2014

Journée de la femme



Belle et bonne raison d'enfin me mettre à cet espace un peu abandonné, faute de temps, faute à tout, faute à la vie, faute à … moi, tout simplement.

Depuis un mois, rien, rien du tout, même pas une photo, même pas une petite phrase pour me plaindre de ma vie, rien, le néant. 

Depuis un mois, chômeuse, désorientée, fauchée, riant nerveusement à l'idée de rester dans cet état, me donnant du courage pour ne pas rester à broyer du noir. 

Un mois à réfléchir énormément, encore plus que d'habitude, c'est dire. Un mois à ne plus me voir dans aucun futur, c'est dur. Un mois à chercher les "beaux moments", à courir après des rayons de soleil disparus dans le brouillard. 

Un mois à cerner le problème qui couvre le tout : incapable de croire en des promesses si elles ne sont pas accompagnées d'actes tangibles, incapable de rester de marbre, incapable d'avoir une confiance aveugle…

Parce que la vie, c'est aussi cela, des choses auxquelles se raccrocher quand tout le reste s'écroule. 

Changer mon fusil d'épaule, je l'ai fait si souvent que mes épaules ont des callosités, qu'elles sont douloureuses du poids qui les écrase. 

Encaisser choc après choc, encaisser les petits coups comme les grands, me sentir si inutile, si remplaçable. Encaisser les blessures qui viennent d'autres qui ne savent pas que les petites gouttes remplissent mon déjà trop-plein et qu'une gouttelette se fera déverser le contenu… 

Je n'ai pas bronché auprès des bonnes personnes, je n'ai rien dit lundi quand mon grand à fêté sa majorité et que je ne l'ai pas su serrer dans mes bras, parce que c'était semaine-papa et que papa avait organisé une fête en famille à laquelle mon fils ne pouvait se soustraire, je n'ai pas pu le serrer, encore et encore, lui donner de cet amour maternel qui s'accroît au fil des jours, semaines, mois et années. Je n'ai pas pu l'avoir ici, même pas une demi-heure… j'en suis restée triste, je me suis sentie mise de côté, oubliée par un autre côté encore une fois.

Toute la semaine j'ai essayé de faire bonne figure, j'ai essayé de ne pas trop réagir aux phrases qui me disaient toutes la même chose : mais c'est pas grave, tu le feras vendredi quand les enfants seront de nouveau chez-toi… j'ai répondu : oui, c'est vrai, c'est pas grave, on le fera un autre jour, alors que j'avalais des larmes amères. 
Cela n'est peut-être qu'un détail, cette non présence, cette absence, encore une, encore un jour de plus qu'on m'enlève sans me demander mon avis, sans me consulter, sans me voir comme une personne qui compte.
Je ne parle même pas de la situation qui semble s'envenimer dans la grande maison mais qu'on balaye à coups de fêtes de famille, de sorties lointaines, de faire semblant, de jouer la comédie du "tout va si bien", ils en ont tellement l'habitude de couvrir ce qui ne va pas au dessous de nappes, dans des verres de vin qui ne désemplissent jamais afin de ne jamais voir le fond du problème, inutile donc que j'essaye de passer un message puisque je suis invisible, indésirable. 

Et finalement chercher les tout petits instants de bonheur pur, les minutes parfaites, les pépites qu'il faut déterrer et chérir. Chercher et trouver le sol dur, hostile, méfiant. Polir ce qu'on a avant que le quotidien ne ternisse leur éclat. Creuser trop profond et le sol se dérobe me laissant haletante et glacée à l'idée que la source se tarisse pour de bon. 


dimanche 2 février 2014

samedi 1 février 2014

A propos de bonnes résolutions


Je n'en prends plus, disons que prendre de bonnes résolutions ne fait que me montrer que je suis incapable de m'y tenir et cela me fait réfléchir si je suis juste énormément fainéante ou si je suis trop ancrée dans mes mauvaises habitudes, ce qui amène à d'autres réflexions sur pourquoi est-ce si difficile de se défaire de mauvaises habitudes si on sait qu'elles sont mauvaises, sinon on dirait "simples habitudes", non ?

Cette année n'a pas eu d'exception à la règle, ma bonne résolution est de ne pas en prendre ;-) et comme je l'ai écrit plus haut, je n'arrive pas à m'y tenir, donc, j'en a pris une, une bonne résolution. Je sais, on frôle le surréalisme … 

Ce qui m'impressionne le plus chez d'autres femmes est depuis toujours en tête de liste que certaines arrivent à être pimpantes et nettes peu importe la situation, l'heure ou l'endroit. Sonner à la porte d'une femme à 8 hres du matin et la voir ouvrir la porte, souriante et accueillante alors que vous n'aviez pas prévenu de votre visite relève pour moi du miraculeux. Ces femmes qui sont bien habillées, maquillées juste ce qu'il faut pour les rendre encore plus belles, coiffées et parfumées d'une façon sophistiquée qui ne tient pas seulement du prix de ce qu'elles portent… Elles ne sont pas sur le chemin du travail, elles sont juste comme elles sont chez elles, à s'occuper des enfants, à organiser le dîner du soir, à accueillir d'autres femmes qui viennent dire bonjour, leur servant un café sur une table débarrassée du petit-déjeuner, dans une cuisine qui sent bon, dans une maison qui respire l'ordre… 

Quand telle chose arrive chezmoi, je ne suis pas trop contente d'ouvrir la porte, il y a toujours une tasse qui traîne sur un recoin de table, la mienne de surcroît parce que mes tasses m'accompagnent partout, à table, devant l'ordi pour taper un mail, dans la salle de bains pour que le liquide brûlant refroidisse le temps que je prenne ma douche. Il y a toujours une paire de chaussures sous la table, ceci étant le cas QUE quand les enfants sont ici ! Je dis cela pour ma défense… ;-) 

Je ne suis pas pimpante, encore moins bien habillée, je suis en uniforme "femme à la maison avec un gros chien baveux et affectionné"… allez, je suis très franche et sincère, avant Achille c'était pareil … ma tenue préférée étant un vieux jeans bien délavé qui "va bien", des T-Shirts en soi immettables et les pulls qu'on a honte de savoir dans ses armoires… peut-être que j'ai été façonnée ainsi, peut-être que je porte en moi le gène "des habits vieux et moches" à la maison ?
Je n'ai aucune personne dans ma famille qui soit habillée propre chez elle. Aucune des trois femmes que j'ai vues et côtoyées en grandissant, mère, marraine, tante, ne reste habillée "propre" une fois la pas de porte franchi. "Propre" veut dire, sortable, non:  sale et non lavé … que le terme ne porte pas à confusion. Elles passent de "bien sur elles" à "pauvrette" en un clin d'oeil, impressionnant … je ne suis (pas encore) à ce stade, je ne me change pas au fil de la journée mais j'ai du mal à me mettre "bien sur moi" si je sais que je serai seule, que je n'ai pas de sorties prévues, que je n'ai pas de rendez-vous … 

Ma bonne résolution : arriver à être présentable dès le matin. Il est trop tentant de se laisser aller parce qu'on n'a pas l'obligation d'aller travailler, d'aller à la rencontre de personnes, de se présenter au monde. 
J'ai même fait l'impensable en donnant TOUS les t-shirts de la honte … et une partie des pulls immondes aussi. Je regrette ;-) heureusement qu'un seul était au lavage lors de mon accès de rangement/jetage… il est le fidèle compagnon de tant d'années, il est comme ma bouée de sauvetage le matin quand il fait froid. 
Malgré tout le mal que j'ai à me défaire de mon laisser-aller en matière vestimentaire chezmoi, il y a du "mieux", je mets volontiers une robe assortie de collants et d'un gilet et OUI c'est plus motivant pour  sortir sur un coup de tête, à aller chercher du pain à trois heures de l'après-midi parce qu'il ne faut plus passer par la case : habillement ! 
Je suis loin d'être une des femmes que j'admire, je suis loin de tout cette perfection (peut-être apparente, peut-être que derrière les portes fermées s'accumulent les tasses de thé et de café, les chaussures des enfants, les chaussettes de leurs fils ??? Je me dis cela pour me donner "bonne conscience" mais je sais que leurs armoires sont nickel et que dans les chambres les lits sont faits, le linge trié par couleurs et par matières attend dans des bacs recouverts de lin couleur parme qui va si bien avec les tapis moelleux de leurs hall d'entrée…) 





jeudi 23 janvier 2014

De façon saine


Je dors si mal, je ne dors pas en fait, je m'assoupis, sursaute, me lève, me recouche, m'assoupis, dors 35 min … 

Une semaine d'enfer … chaque jours des rendez-vous, des visites chez différents métiers de la santé, passer chezmoi en sachant qu'il faut m'occuper de ceci afin d'obtenir cela, qu'il faut, qu'il faut, qu'il faut…

J'ai fait mes petites courses de célibataire, je me suis retrouvée dans le rayon légumes avec en tête un repas équilibré et je suis sortie avec une nature morte dans mon panier.

Vais-je "mieux" dormir après cette oeuvre éphémère ? ? ? 

On annonce des chutes de neige … si seulement il pouvait en tomber autant que j'en porte dans les os !! 






samedi 18 janvier 2014

Photographie





Il y a trois ans, quelques semaines après le départ du père pour sa nouvelle vie, on avait pris quelques instants pour immortaliser "notre famille" sur le lac gelé juste à côté de chezmoi actuel. Les enfants ont bien grandi depuis... Je n'ai pour ma part plus grandi au sens propre du terme mais bien intérieurement... parfois je me sens si grande que mon corps ne suffit pas à contenir toute cette nouvelle personne qui a éclose, d'autres jours je suis si petite que je me sens flotter ... 

Les dernières semaines ont été très difficiles. Trop de changements, trop de contradictions de la part de beaucoup trop de personnes. 

Je suis officiellement sur le marché du travail avec un avis négatif pour aller travailler de la part de l'agence pour l'emploi. Comprenne qui peut ... On me conseille de rester au chômage, ce n'est même pas un conseil mais une recommandation officielle. Rester un an et rejoindre par après une autre mesure  proposée par l'état pour les gens "comme moi". Les "handicapées", mon nouveau statut officiel aussi. De travailleur à capacité réduite à travailleur handicapé ... certes, cela fait réfléchir. 

D'autres déceptions s'ajoutent au trop plein, au ras-le-bol d'être trimbalée à droite, à gauche. 

Je me lance à corps perdu dans la photo, là au moins je peux réaliser ce que j'ai en tête, je peux jouer avec la réalité, la transformer pour coller à mes souhaits. 

Il n'est pas trop tard pour une bonne résolution; la mienne est toute simple : ne plus espérer que d'autres changent leur vie pour moi, c'est tellement douloureux de se rendre compte qu'on s'est bercé dans l'illusion ... 

Je n'ai qu'une seule personne à accuser : moi-même... Je ne fais de reproche à personne, ils sont ce qu'ils sont, des entités indépendantes de mes volontés et souhaits, c'est leur droit, c'est leur responsabilité aussi. 
Et je sais qu'il ne suffit pas de penser à quelque chose pour qu'on le fasse. Si c'était ainsi je serai en bonne santé et assez riche pour vivre sans peur jusqu'à mes 90 ans, parce que je pense à ces choses mais elles ne se réalisent pas pour autant ;-)




mardi 14 janvier 2014

Photographie


En pensant au film "la jeune fille à la perle" (vermeer) et à l'impact qu'il avait eu sur moi ... un petit hommage personnel et non un essai de copie  avec la complicité de ma fille ...