C'est le son que font les bulles lorsqu'elles se défont dans l'air.
Plop, plop, plop et leur beauté éphémère se dissout dans les molécules indispensables pour notre survie.
`plop plop plop ...
Plop, plop et voilà que sa beauté scintillante a disparu.
J'aime faire des bulles de savon, j'aime les regarder monter dans la lumière, voire le spectre s'illuminer et laisser espérer qu'elles resteront le plus longtemps possible en l'air avant de se rétrécir et de n'être plus que souvenir.
Plop, plop, plop... et rien ne persiste de leur passage parmi nous, on inhale leur substance et on garde leur image gravée quelque part, prête à se présenter si on le demande. Mais ce ne sera plus la bulle, juste son image qu'on a d'elle.
Tout comme l'autre ne perçoit pas notre "je" mais seulement l'image qu'il s'est forgé de lui.
"Je" est personnel, "je" est impossible à voir entièrement. "Je" est unique et difficile à déterrer pour soi-même; alors pour l'autre ? Très difficile en effet, trop difficile peut-être.
Mon "je" est un autre que le "toi" des autres. Parce que mon "je" ne veut de mal à personne, mon "je" aimerait juste partager sa joie de vivre et "ouvrir les yeux" à ceux qui ne savent pas vivre leur vie avec l'envie de vivre, à ceux qui se protègent derrière leurs peurs, à ceux qui n'osent se permettre d'être heureux.
Mon "je" n'est pas indispensable à l'autre, mon "je" n'est pas le seul sur terre non plus. Il y a tant de "je" qu'il y a d'hommes et de femmes, parfois un homme/femme possède plusieurs "je" qui sortent quand ils en ont le besoin.
Mon "je" ne veut faire souffrir personne, ni les plus jeunes, ni les plus vieux. Mon "je" aimerait être compris comme unité et entité, comme vrai et non-manipulateur.
Mon "je" a quelque chose qui déborde, mon "je" ne veut plus tenir dans un carcan, mon "je" a besoin de pouvoir se déployer et d'aider.
Aider à voir plus clair, aider à avancer, aider à grandir, aider à se trouver, aider peut-être même à retrouver ce qui semble perdu à jamais.
Depuis le cancer je ne suis plus la même ... j'ai tellement eu peur de perdre la vie, j'ai tellement eu peur de faire du mal à ceux que j'aime plus que ma vie en les laissant seules le moment de mon départ, j'ai tellement eu peur de ne pas savoir survivre intérieurement à la dégradation physique, la perte des attributs féminins, la perte de la mémoire, la perte de l'intelligence !
Depuis le cancer je me suis donné la chance d'affronter la peur des traitements, depuis le cancer les "choses de la vie", les "problèmes matériels", les "accidents et pannes", bref, tout ce qui est "réparable" ou non indispensable à vivre, ont reculés, ont perdu leur impact. Je ne me définis plus à cela nui à travers.
Il s'est forgé une protection de fer pour arriver à joindre l'impossible, le bien-être, la joie, la jouissance de ce qui reste. Il s'est fermé à une partie de la vie qui "avant" faisait "ma vie".
Pendant le divorce j'ai perdu tout à quoi je m'accrochai "avant". Je vis séparé des enfants une semaine sur deux, on s'y fait, même si "avant" on les avait avec soi depuis leur naissance, qu'on était leur maman 24/24, 7/7 ... on s'y fait et on les retrouve avec la force de résister à leurs "guerre vers l'indépendance" qu'on appelle : puberté.
J'ai perdu "la grande maison", j'ai perdu mon aisance financière, j'ai perdu une centaine de personnes qui faisaient parti de "mon entourage".
J'ai perdu une "belle-famille" qui dorénavant me méprise et le fait savoir à qui veut l'entendre.
J'ai perdu mon piano, mon allié, mon confident.
Ce qui reste est peu, si on fait les comptes ... peu et pourtant ... tellement.
Non seulement j'ai enfin droit à MA vie, non seulement j'ai vu que je ne suis pas dépendante, ni d'un homme, ni de tout ce qui touche aux possessions, mais j'ai enfin le droit de vivre en accord avec mon "je" !
C'est tellement !!! C'est tellement que je n'arrive pas le contenir dans les mots les plus grandioses, ni dans l'expression des sentiments les plus merveilleux.
Alors, oui, j'aimerai partager ce trop plein, oui, j'aimerai transmettre qu'on a tous ce potentiel en soi si on l'autorise de s'épanouir.
Qu'il ne faut pas forcément avoir eu une maladie grave, qui trop souvent encore est mortelle, qu'on ne doit pas vraiment passer par séparation, guerre devant juges et avocats, pertes et angoisses.
Ce qui fait "nous" ne veut pas souffrir, ce qui est "nous" ne veut pas manquer de joie et de plaisir.
Donnons-lui l'opportunité de trouver son chemin, avec de petites balises semées par ceux qui y sont arrivés... encore faut-il qu'on s'autorise à le faire.
Plop, plop, plop, la bulle monte dans le ciel et à moment on se sait plus dire avec certitude si elle vole toujours ou non.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire