Nouvelles zéro

Il y a ceux qui partent loin sans laisser le moindre mot, ceux qui disparaissent de votre vie comme un fantôme se fond dans les ténèbres.

Ceux qui ne laissent aucune trace visible, ceux qui poignent et vous marquent au fer blanc.

Ceux qui  ne jettent plus un regard en arrière, qui tirent un trait, qui ne se sentent nullement obligés de rester polis et attentionnés juste parce qu'ils ont marché quelques années avec vous.

Ceux qui s'enlèvent de votre vie pour aller vivre la leur, avec les leurs, avec ce qui est important et indispensable pour eux.

D'autres s'en vont vers un nouveau destin, vers de nouvelles aventures, vers de nouvelles destinations.

La plupart retourne dans le connu, dans le facile, dans la routine, dans le moyen parce qu'ils n'ont pas le courage nécessaire pour s'éloigner du bord et de plonger dans le lac dont on ne voit pas encore l'autre rive.

J'ai perdu comme cela une demi-douzaine d'amis, aimés, appréciés. A chaque départ je me pose les mêmes questions, j'ai le même sentiment de ne rien avoir compris, d'avoir été dans le flou depuis le début de la relation, flou entretenu de part et d'autre.

Pour certains j'ai laissé la porte ouverte pour qu'ils puissent franchir le seuil sans encombre si jamais leur chemin croiserai le mien plus tard.

A d'autres j'ai claqué la porte au nez, trop déçue et trop fâchée, essentiellement sur moi-même.

Comme dans une gare tout tourne autour des arrivées et des départs, des finalités aussi diverses que les hommes et les femmes qui peuplent nos coeurs.

Le train vers l'inexploré a depuis longtemps cessé de rouler, avec nos moyens technologiques on essaie de prévoir toute éventualité, on calcule les risques de chaque entreprise, on dépose un dossier d'arguments pour ne pas se lancer.

Rares sont devenus ceux qui osent plonger dans le lac qui les emmène, de plonger même s'ils n'entrevoient pas l'autre rive. 

Avoir le courage de partir mais ne pas avoir le courage de dire au revoir est, à mes yeux, lâche et n'a rien d'un acte de bravoure.