avant la fin du monde...
Comme je me suis un peu laissée influencer par les mails de certains, le décompte devient important et je me pose la question COMMENT j'aimerai que cela se passe.
De un : rapidement, aucune envie d'agoniser pendant des mois dans un paysage dévastré sans eau potable et sans rien à manger à part des racines qu'il faudra déterrer et manger à ras le sol. Dormir à la belle étoile sous un tas de détritus pour ne pas geler avec les températures châtouillant les -32 degrés même en pleine journée.
Aucune envie non plus de me payer migraine sur migraine puisque tout mon stock de médicaments sera épuisé !
De deux : je ne veux pas passer les dernières heures avec n'importe qui. Exit donc une multitude de gens à qui je souhaite de souffrir tout de même un peu avant de rejoindre les anges, histoire qu'ils comprennent que affirmer : "j'ai mal" n'est ni excuse bidon pour ne pas devoir aller au cinéma, ni mensonge honteux pour ne pas se déplacer en pleine crise.
Donc ... je vais devoir faire des choix. Avec mes enfants, oui, juste pour leur donner jusqu'au dernier souffle un peu de fou rire, un peu de folie de vivre, pour leur donner un dernier bisou et de les serrer très fort au moment fatidique.
Je passerai encore quelques coups de téléphone à la famille, comme ça, juste pour les savoir bien entourés eux aussi, à condition que les réseaux ne soient pas déjà tombés en rade, ce qui arrive ici même sans fin du monde :-)
J'aimerai que quelqu'un me tienne dans ses bras, qu'il m'enveloppe de son amour, qu'il me chauffe le dos et qu'il m'embrasse à perdre le souffle quand la terre tremblera; partir ainsi doit être très agréable, non ?
De trois : dois-je encore courir pour trouver une dinde ? Les enfants veulent UNE DINDE, UNE DINDE, UNE DINDE ! Bon, j'avais plutôt misé sur de la cuisine plus fine cette année et penser à fourrer une dinde ... maintenant, là, devant mon café et ma brioche au beurre et sucre ... bon, non, c'est pas très ... enfin, on se comprend.
De quatre ; dois-je encore me jeter dans les magasin plein de gens maussades qui font leurs courses pour les fêtes avec des caddies débordants, des enfants dégoulinant de chocolat que la gentille dame au coin confiserie leur a donné pour qu'ils achètent le magnifique ballotin pour maman quand il repasseront le 24 à 17.55 avec leur papa qui "avait complètement oublié d'acheter des cadeaux" (faut l'excuser aussi, NOËL ne tombe jamais le même jour que les deux années précédentes, c'est à perdre le nord ...)
Je n'ai jamais trop aimé me promener avec mes enfants dégoulinants, leurs mains collantes qui empoignaient mon col pour remonter dans le petit siège alors que les deux autres se battaient pour savoir qui allait s'installer de quel côté du caddie qui prenait en un coup 45 kilos supplémentaires, voir les moustaches de chocolat séché ne me faisait plus sourire au bout d'une demi-heure et les voir malades dans la voiture sur le chemin du retour n'a même pas eu comme résultat que je leur dise : "vous voyez... je vous avais pourtant prévenus que manger trop de chocolat et blablablabla" et imaginer que leur papa m'achète un ballotin de chocolat à 17.55, cinq minutes avant la fermeture ne me fait pas rire du tout puisqu'il le faisait vraiment ... alors :-)
Bon, quatre questions existentielles (mauvais jeu de mots ... ) que je vais débattre avec moi-même ce soir, tricotant un chauffe-épaule que personne ne mettre plus si jamais on est vraiment à J-10
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